lundi 14 février 2011

La chair cherche plus cher que la chair...

Parce que l'amour, c'est une histoire de coeur ailé, très rouge et plein d'étoiles...
... à vif, parfois...
... ou même assombri.
Mais tant qu'il bat à tout rompre...
Une histoire de regard...
... d'yeux grands ouverts... ou clos.
De mains caressantes qui se prennent... se déprennent.
Parce que l'amour aiguise les sens, affûte l'esprit... et tranche aussi.
(Photos: Lyndie Dourthe)
Nous sommes aujourd'hui le 14 février et amoureuse ou pas, je ne me sens pas très en accord avec cette date tendant à "formater" ce qui pour moi échappe définitivement à toutes règles: l'amour. Quand j'ai pensé à ce billet, le travail de Lyndie Dourthe s'imposa de suite pour l'illustrer. J'y suis sensible parce qu'il ne ressemble à nul autre de ma connaissance et nous emmène au-delà des cabinets de curiosités: droit à ces "chambres de merveilles" du XVIè siècle, composées de memorabilia et mirabilia, d'éléments mémorables et merveilleux au sens d'étonnants, extraordinaires, inexplicables, voire miraculeux. Il me semble que la "chambre de merveilles" dessine une image juste de l'amour: mémoire - celle si loin inscrite, enfouie et celle qui affleure - et miracle. 

Et puis, au hasard - mais peut-on toujours parler de "hasard" lorsqu'il fait si bien les choses? - de mes déambulations récentes sur la toile, j'ai relu un poème oublié depuis longtemps. Charles Bukowski en est l'auteur. Un insoumis, personnage de tous les excès s'il en fut, qui chercha exutoire et asile en l'écriture, capable pour ses oeuvres de titres aussi beaux qu'improbables tels Jouer du piano ivre comme d'un instrument à percussion jusqu'à ce que les doigts saignent un peu ou Les jours s'en vont comme des chevaux sauvages dans les collines... Le poème qui m'est tombé sous les yeux s'appelle Seul avec tout le monde, en voici quelques lignes:

la chair recouvre 
les os et la
chair cherche
plus cher que la chair

il n'y a aucun 
salut:
nous sommes tous
soumis
à un destin singulier

personne ne trouve 
son pendant

Tout lecteur est absolument libre de son interprétation, c'est là le petit miracle - encore - qui se joue entre un texte et chacun de nous, se l'appropriant, le débordant peut-être. Je ne vois pas de constat amer et désabusé dans ces lignes mais tremplin vers une lucidité libératrice qui permet de donner plutôt que de prendre, une fois accepté en profondeur que nul n'existe sur cette terre juste pour venir combler la solitude intrinsèque qui est nôtre. Si celui vers qui l'on tend vibre du même état d'âme, commence un échange bienfaisant, de destin singulier à destin singulier. Grâce... ou MIRACLE.   

Et si Bukowski avait été contemporain de Bobin, sans doute aurait-il aimé ses mots: 

"Ce n'est pas pour devenir écrivain qu'on écrit. C'est pour rejoindre en silence cet amour qui manque à tout amour. C'est pour rejoindre le sauvage, l'écorché, le limpide."

Je vous souhaite une belle St-Valentin... mais tous les jours :-)! 

5 commentaires:

mariza a dit…

déroutant et surréaliste*** écorchée vive et brûlante* passionnée et passionnante*** AMOUR

Kimô a dit…

Je découvre Lyndie Dourthe, quelle esthétique, j'adore. Et au-delà, toute une interprétation à faire en solo... Merci Delphine de partager tout ça avec nous! Et les textes, je les conserve, magnifiques...

Delphine H... a dit…

Chère Mariza, j'aime bien les petits mots que vous me laissez, je les trouve surprenants et poétiques! Vous ai-je rencontrée à la boutique?

Alice, oui hein, il est incroyable le travail de Lyndie Dourthe. J'ai eu toute une série de pièces à la boutique mais c'était la première année, tu n'avais pas encore poussé la porte :-) !

Bisous à toutes les deux!

Delphine

mariza a dit…

***papillonant de çi de là, j'ai souvent poussé la porte de l'univers d'une demoiselle.....
***rencontre virtuelle***

Delphine H... a dit…

Chère Mariza,
Et bien, je suis ravie de cette rencontre "désincarnée" avec vous!
Très belle soirée!
Delphine